Maurice Langlois (né en 1913) travaillait au ministère de l’Industrie et, depuis 1941, donnait des informations aux services de renseignements clandestins. La multiplication des arrestations lui fit comprendre qu’il était en danger. Grâce à un réseau, il gagna Biarritz avec sa femme Marie-Louise début octobre 1943. Pris par hasard dans une rafle de la Gestapo, Marie-Louise parvint à fuir mais Maurice fut arrêté. Le 18 octobre, il réussit à s’évader et à rejoindre sa femme mais les conditions de sa détention et de son évasion lui occasionnèrent une congestion pulmonaire. A peine remis, avec sa femme, ils regagnèrent Pau et en attendant le moment propice, furent hébergés chez un relais où les rejoignit Michel Poniatowski, jeune homme de 21 ans, réfractaire au service du travail obligatoire et futur ministre français. Fin novembre, le départ fut décidé. La première étape vers le point de ralliement – une grange près de Cette-Eygun en vallée d’Aspe –, s’effectua par des voies séparées. Le couple Langlois prit le train tandis que Michel Poniatowski fit le voyage dans un camion de bois qui ramassa sur son chemin une dizaine d'autres candidats à l'évasion. A Escot, deux guides les prirent en charge et ils continuèrent à pied le long de la voie ferrée. Après avoir retrouvé le couple Langlois, les onze personnes du convoi, conduites par les passeurs Louis et Tino Troïtino se mirent en marche, le 30 novembre 1943 à 20h30. « Le brouillard tombe, la neige flotte légèrement et lentement sur le sol. Tout est surréaliste, à commencer par le silence. Nous avançons à pas lents, encadrés par les deux guides » écrivit Michel Poniatowski dans ses mémoires. Pendant l’ascension, M. Langlois fit une chute dans un des torrents qui sillonnent le plateau de Lhers.
Après un peu de repos dans une grange, la progression continua toujours dans la brume et la neige. Malgré leur expérience, les Troïtino eurent des difficultés à s’orienter et le parcours s’allongea. Le 1er décembre 43, vers six heures du matin, nouvelle petite halte dans une cabane. M. Langlois était épuisé et marchait avec une extrême difficulté. Au bout d'une demi-heure, les passeurs furent obligés de le porter. Vers neuf heures, ces derniers expliquèrent à Marie-Louise que la frontière était trop éloignée pour qu'on puisse y transporter Maurice. Au même moment, après une agonie d'une minute, celui-ci mourait sans avoir repris conscience.
Enseveli provisoirement sous un rocher, le corps de Maurice Langlois fut récupéré par les frères Troïtino en janvier 1944 et inhumé à Accous. Il sera transféré plus tard, au carré militaire du cimetière d’Oloron-Sainte-Marie.