#Lieu d'intêret

Le plateau de Lhers : les granges

La marche vers la frontière ne pouvait s’effectuer que la nuit à cause des patrouilles allemandes. Les granges ou les bergeries isolées dans les pâturages au-dessus des villages servaient souvent de planque pour la journée.

Le 7 janvier 1944, le bombardier américain piloté par le sous-lieutenant Charles W. Walters fut abattu au-dessus de Brou (Eure). Avec son co-pilote Carl E. Bickley et le radio Louis E. Del Guidice, ils furent recueillis dans une ferme voisine.

Grâce à une chaine de solidarité, les helpers, ils arrivèrent à Pau le 7 février et firent partie du convoi d’une vingtaine de personnes prises en charge par les passeurs Jean-Baptiste Capdaspe, Catherine Traille et Troïtino. Après avoir traversé sans encombre la gare de Bedous, le groupe entama, dans la nuit et sous la pluie, la montée vers le plateau de Lhers.

A mi-chemin, ils tombèrent sur une patrouille que, heureusement, les guides surent éviter. Au matin, ils atteignirent une bergerie et, épuisés, purent enfin se reposer. Catherine Traille redescendit dans la vallée tandis que Capdaspe et Troïtino méfiants, surveillaient les alentours par les interstices de la porte.  Dans la matinée, ils virent six Allemands arriver et essayer d’entrer.

Aussitôt, sans bruit, aidés de Renaud de Changy et de deux Américains, ils s’arcboutèrent contre la porte branlante qui résista aux pressions allemandes et les soldats partirent. Inquiets de les voir revenir, la troupe organisa sa défense. Ils avaient en leur possession six révolvers et deux mitrailleuses et étaient prêts à défendre leur vie. Deux heures plus tard, ce n’était pas quelques soldats qui arrivèrent mais deux gros camions chargés d’une cinquantaine d’hommes. L’angoisse était à son comble, tout semblait perdu mais les camions repartirent aussitôt. Les Allemands faisaient simplement des manœuvres !

Le soir, Catherine revint, porteuse de nouvelles et de sandwichs. Encadrés par la jeune fille et Troïtino, le groupe reprit sa marche mais au mois de février à plus de 1000 m d’altitude, la pluie se transforme vite en neige et  face à la tempête qui menaçait, les guides décidèrent d’une nouvelle halte. Après une nuit et une journée dans une grange, vers minuit, le périple reprit sur un sol couvert de neige fraiche. Un calvaire pour tous notamment pour les Américains très mal chaussés.

Avec le lever du jour, le brouillard qui enveloppait la montagne rendit l’orientation difficile même pour les guides. Vers 10 h enfin, le soleil chassa la brume, la descente vers l’Aragon se dévoila. La frontière était là, Tino et Catherine purent laisser le groupe qu’ils avaient si bien mené jusqu’à la liberté.

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