Suivant les instructions qui lui ont été données, René Vignau-Loustau, originaire de Tarbes, se rend à l'épicerie de Sarrance, mais la femme refuse, expliquant que les cols deviennent dangereux, que les Allemands surveillent la zone et que son mari ne fait plus la traversée. Déçu mais déterminé, il lui demande le nom d'un autre passeur. Après quelques hésitations, elle lui donne un autre nom. Plus tard, il s'entretient avec le passeur : "Je peux vous héberger chez moi pendant un jour ou deux, en attendant que les nouveaux arrivants forment un groupe de six personnes. Mon travail consiste à vous emmener dans une grange au-dessus des villages. Nous ferons le voyage pendant la nuit. Le lendemain matin, un deuxième passeur vous fera traverser la frontière jusqu'au col de la Pierre-Saint-Martin (1750 m) et vous conduira jusqu'au village espagnol d'Isaba. Le prix de la traversée est de dix mille francs".
Malgré un mauvais pressentiment, René Vignau-Loustau accepte. Deux jours plus tard, le groupe est au complet et entame la lente ascension avec le second guide. Au terme d'une longue journée de marche, parfois dans la neige, le guide leur indique un village au loin en contrebas et les quitte. Livré trop tôt à lui-même, le groupe se perd en chemin. Alors qu'ils s'approchent avec assurance d'un village, ils sont tenus en joue par des soldats allemands. Trois d'entre eux meurent dans la fusillade, les autres sont arrêtés et déportés au camp de Sachsenhausen en Allemagne. Après avoir survécu à près de deux ans de travaux forcés, René Vignau-Loustau rentre avec les terribles marches de la mort et n'arrive en France que le 8 mai 1945.