La réussite dépendait de tout un réseau de passeurs capables de convoyer discrètement et en sécurité ces « évadés ». Oloron était une plaque tournante importante pour le passage des « Évadés de France vers l’Espagne ». Plusieurs établissements, le café Cabane, de la place Saint-Pierre, le Corn d’Henric et l’Hôtel Loustalot dans le quartier Notre-Dame servaient pour la prise en charge par des passeurs.
Le fameux réseau de résistance Maurice, spécialisé dans les passages de militaires, avait des agents à Toulouse (le directeur du service des Travailleurs étrangers), puis à Pau et à Oloron. Résultat : des centaines de traversées des Pyrénées sans encombre… jusqu’au drame, de juillet 1943.
Le 13 juillet, le réseau prit en charge quatre partants : le lieutenant de vaisseau Bonnal, le sous-lieutenant Lamothe et les deux fils de Pierre Montel, André 22 ans et Georges 21 ans. Pierre Montel avait été adjoint au maire de Lyon. Il sera, après la guerre, député et secrétaire d’état. A Oloron, le rendez-vous avec le dernier passeur, Acosta, a lieu au café Cabanne mais celui-ci avait parlé avec Del Estal, un collègue de travail de son activité clandestine et, pour éviter une dénonciation, avait été obligé de lui confier quelques passages. Donc, le 13 juillet, Del Estal, un Espagnol installé avec sa famille à Oloron, prit en charge pour les amener vers la frontière le groupe du lieutenant Bonnal plus deux personnes qui attendaient déjà au café Cabanne.
Le 18 juillet Del Estal, contrairement à toutes les consignes d’usage, alla chercher lui-même à Toulouse un autre groupe. En faisait partie le lieutenant d’Alnoncourt, le sergent Bucher, le capitaine Jeanpierre, deux autres officiers et le troisième fils de Montel, Yves, 23 ans. A Oloron, ils furent amenés discrètement à l’hôtel Loustalot. Victimes comme le groupe précedent du même passeur véreux leur périple se terminera tragiquement quelques kilomètres plus loin.