Ce site V1 se trouve sur la commune de Saint-Riquier-en-Rivière au sud-est du massif de la forêt d’Eu, à proximité du célèbre carrefour du Poteau Maître Jean. Construit à l’hiver 1944, il s’agit d’un site « modifié », ou « léger », de première génération.
Par rapport aux sites « lourds », cette base comporte moins de bâtiments, notamment de structures bétonnées. Son agencement est simplifié afin de rendre sa construction plus rapide, moins gourmande en matériaux et plus économique. Grâce à la couverture offerte par les arbres, les travaux se font dans une relative discrétion. Les requis qui y prennent part, des Russes essentiellement, sont logés dans les maisons forestières qui jouxtent cet endroit. Active au début de l’été, la base connaît plusieurs échecs dans ses tentatives de tir. Les communes environnantes, notamment Saint-Riquier-en-Rivière, subissent parfois des dégâts lors de chutes de V1.
Le 19 août 1944 : L’explosion d’un V1 parti vraisemblablement du site fait un carnage.
Selon un témoignage, un V1 ayant décollé des Hauts-Buisson s’est écrasé à la limite de Rieux et de Dancourt à une date indéterminée, l’engin non explosé reste sur place. Le 19 août, ce V1 explose alors qu’un nombre important de personnes est rassemblé autour. On déplore 17 tués !!!
C’est l’accident le plus mortel pour l’explosion d’un V1 au sol. La gendarmerie de Neufchâtel rédigera un rapport succinct “vers 18h30, l’explosion d’un V1 dans des circonstances inconnues a tué trois soldats allemands, 13 prisonniers Russes et un civil.”
Si l’engin avait décollé de la base “Queue de Lambresson”, les détonateurs n’étaient pas encore armés à cause du temps de vol trop court. Cette hypothèse paraît la plus plausible.
L’objectif des tirs est Londres, à 214,6 kilomètres de là. Localisé par l’avion britannique à la fin du mois de juin, le site est la cible de bombardements dès le début du mois suivant. Les raids se succèdent mais ne parviennent pas à le neutraliser. Au début du mois d’août, il est toujours en activité. Si certaines bombes tombent non loin de certains bâtiments, les dégâts ne sont pas assez conséquents pour empêcher la mise en œuvre et le tir des bombes volantes.
Finalement, à la fin du mois d’août, craignant l’avancée terrestre des Alliés suite au Débarquement, les forces allemandes évacuent la base en emportant avec eux le matériel, notamment la catapulte de lancement.
Vous trouverez un plan représentant les vestiges de la base de lancement V1 Queue de Lambresson (Carrefour du Poteau Maître Jean), telle qu’elle existait en 1944.
Réalisé par M. Yannick DELEFOSSE à partir des cartes IGN, des relevés sur le terrain et de documents d’archives, ce plan détaillé permet d’identifier les différentes structures de la base (plateformes d’accueil, rampe de lancement et les abris techniques, etc.) telles qu’elles existaient en 1944, ainsi que leur emplacement précis dans le paysage actuel.