La ville de Houffalize étant obstruée par les ruines et les Alliés ayant coupé dans leur avance les routes plus au nord, les convois allemands n’eurent bientôt plus qu’une voie de retraite disponible, transitant par Achouffe. Des colonnes interminables de véhicules hétéroclites s’étirèrent vers ce point de passage étroit, anodin sur les cartes militaires, mais dont le pont prenait tout à coup une importance considérable. Les routes qui y conduisaient étaient verglacées et enneigées. Des équipes s’affairaient à épandre du gravier sur la route, ainsi qu’à dégager les véhicules en panne ou bloqués dans les ornières. Une fois le pont franchi, le trafic s'engageait alors dans une montée ardue, vers le village de Mont, puis les lambeaux d’unités suivaient la voie la plus directe pour rejoindre l’Allemagne.
Certaines unités reçurent l’ordre de couvrir le retrait. Des groupes de combat, appuyés fréquemment par quelques chars, furent constitués pour protéger l’axe de repli. De nombreux canons antiaériens protégeaient Achouffe, devenu, l’espace de quelques jours, un lieu stratégique d'exception. Heureusement pour les troupes allemandes, le ciel couvert limita l’intervention de l’aviation alliée mais chaque fois que la météo le permit, les chasseurs-bombardiers américains harcelèrent le point de passage. L’un d’entre eux fut abattu le 13 janvier et s’écrasa sur le flanc de la colline.
À partir du 14 janvier, la défense du pont fut confiée à l'Oberstleutnant Helmut Zander du 60ème Panzergrenadier Regiment de la 116ème Division Blindée, avec la mission de ne le détruire qu'au dernier moment. Le 15 janvier, une forte poussée américaine s’exerça vers Achouffe. À 11h00, des éléments du 66ème Régiment de la 2ème Division Blindée Américaine entrèrent dans le village, talonnant l’arrière-garde allemande qui venait de se retirer après avoir fait sauter le vieux pont.
Le Génie américain rétablit le franchissement le jour même en fin d'après-midi. La stratégie défensive allemande, avec de maigres moyens, rendit possible l’évacuation des restes de quatre divisions blindées ainsi que de nombreux groupes de combat ou unités diverses.