Le 30 octobre, le moment est venu. Juste après minuit, une moto en provenance de Halsteren traverse le pont et annonce aux trois soldats allemands qu'il est temps de faire sauter le pont. Bien que le commandant de la résistance ait envoyé des éclaireurs sur le continent pour savoir quand les libérateurs alliés arriveraient, il n'a aucune information. La sécurité des habitants de Tholen, qui risquaient de subir de graves représailles de la part des Allemands pour avoir fait sauter le pont, était plus importante pour lui que le pont. Les résistants ont donc dû assister, frustrés, depuis leurs cachettes, à la chute des sections du pont dans les eaux de l'Eendracht sous l'action des Allemands.
Après cette nuit mouvementée, le bruit des explosions a résonné dans les rues de la ville de Tholen à 10h30 le lundi 30 octobre. Heureusement, le pilonnage s'est arrêté après seulement quelques obus. Dans le silence qui a suivi, les habitants ont entendu des cris près du passage à niveau sur l'Eendracht. "Ils sont là, de l'autre côté de la route ! Ils sont là avec notre drapeau". Un grand groupe de personnes s'est alors rassemblé au bord de l'eau. A l'aide d'un bateau, plusieurs résistants ont traversé à la rame pour accueillir les libérateurs. L'enthousiasme des habitants de Tholen était tel que tous les badauds ont voulu rejoindre le bateau pour assister à ce moment particulier.
De l'autre côté de la route, trois Canadiens attendent. Ils sont accompagnés par l'un des éclaireurs que le commandant de la résistance de Tholen a envoyé sur le continent quelques jours plus tôt. Les soldats canadiens appartiennent aux Argyll and Sutherland Highlanders. Ils étaient venus à Tholen de leur propre initiative, car le bataillon n'avait pas reçu l'ordre de libérer la ville ce jour-là. Les jeunes soldats canadiens avaient apparemment envie d'une aventure et étaient heureux de se laisser convaincre d'accompagner le résistant de Halsteren jusqu'à son domicile. Lorsque la barque s'est approchée du rivage de Tholen, les spectateurs ont spontanément entonné l'hymne national. Les trois libérateurs sont portés en ville sur leurs épaules, sous les acclamations, les cris de joie et les pleurs. Une foule hululante et chantante poursuit les Canadiens qui rient. À l'hôtel de ville, les Canadiens sont reçus officiellement, après quoi ils se dirigent vers le port avec la foule en liesse. Après cette petite avance sur les vraies célébrations de la libération, le trio est reparti pour le Brabant juste avant midi.
Entre-temps, la résistance de Tholen a poursuivi les soldats allemands de Tholen jusqu'au ferry d'Oud-Vossemeer, où un échange de coups de feu a eu lieu. Il n'y a pas eu de fête ici et, dans les jours qui ont suivi, ces escarmouches ont fait deux morts parmi les résistants.
Ce n'est que le mardi 31 octobre dans l'après-midi que les libérateurs canadiens officiels de la ville sont arrivés. De gros véhicules blindés apparaissent sur la rive brabançonne de l'Eendracht. Au quartier général de la résistance dans la ville de Tholen, un officier néerlandophone du XII Manitoba Dragoons intervient. Il prend en charge cinq prisonniers de guerre arméniens et repart, non sans avoir assuré aux habitants de Tholen qu'ils ne verraient plus de soldats pour l'instant : L'île ne participe pas aux combats d'octobre.