À ce moment-là, la défense allemande s'est repliée derrière le canal. Alors que les Canadiens avancent lentement sur le terrain inondé à l'est du canal, les Allemands font sauter tous les ponts et se retranchent. La défense à Wemeldinge est particulièrement solide car l'inondation dans cette zone est moins importante, ce qui rend probable une tentative de franchissement du canal.
Le vendredi matin à 10h30, le major Gagnon réunit ses officiers au quartier général du bataillon à Yerseke pour discuter d'un plan d'assaut. Ils décident de traverser le canal par le Bonzijweg à Wemeldinge. Les restes du pont explosé seraient praticables à pied, selon les éclaireurs qui ont récemment visité la rive du canal.
Après la réunion, deux compagnies se dirigent vers le canal, mais à l'approche du soir, elles décident d'abandonner leur mission. La défense allemande est bien préparée et les tirs de mortier et d'artillerie gênent tellement les Canadiens qu'ils ne peuvent s'approcher suffisamment du pont pour tenter la traversée. Le major Gagnon ordonne la retraite et demande à ses troupes de prendre position le long de la digue du canal. Cela permet à une troisième compagnie de tenter de traverser le canal plus au nord, au niveau des écluses, à l'aide de bateaux. À ce moment-là, deux hommes ont été tués et six blessés par les tirs ennemis.
Après l'arrivée des bateaux à rames, la deuxième attaque commence le vendredi soir à 21h00. Dans cette zone, la défense allemande est également bien préparée. Lorsque l'avant-garde atteint les écluses, un feu nourri se déclenche. Dans le feu de l'action, le lieutenant Hailey est tué, victime des tirs de mitrailleuses ennemies. Neuf bateaux sur dix coulent, ce qui conduit à la décision d'évacuer les soldats restants du plateau de l'écluse avec le dernier bateau. Les troupes dissimulées derrière la digue du canal ne peuvent intervenir, la digue étant constamment sous le feu de l'ennemi. Ce n'est que le samedi matin à 8h58 que tous les soldats canadiens se sont retirés. "Nous rencontrons une opposition exceptionnelle", rapporte le major Gagnon au quartier général de la brigade.
Le samedi, l'aviation alliée est appelée à bombarder Wemeldinge. Vers 13 heures, les Typhoons arrivent. Alors que les défenseurs allemands sont préoccupés par les bombes et les roquettes de la Royal Air Force, le lieutenant Tupper et six éclaireurs du bataillon parviennent à traverser le canal au niveau des écluses. Ils sont suivis par une patrouille de combat commandée par le lieutenant Murray. Entre-temps, les Typhoons sont rentrés à la base, ce qui permet aux Allemands obstinés d'ouvrir le feu sur le lieutenant Murray et ses hommes avec toutes les armes dont ils disposent. Murray se retire rapidement. Pour ne rien arranger, l'artillerie allemande ouvre le feu sur les positions canadiennes de la rive est du canal. En l'espace d'une heure, 160 obus explosent dans les tranchées canadiennes, faisant neuf morts parmi les Canadiens.
Pendant ce temps, d'autres troupes canadiennes avaient réussi à traverser le canal de Beveland Sud près de Vlake. À la lumière de cette évolution, les Cameron reçoivent l'ordre de cesser leur attaque à Wemeldinge. La seule tâche qui leur reste est d'empêcher les Allemands de détruire les écluses.
Pour venir à bout de la défense allemande déterminée à Wemeldinge, l'Essex Scottish Regiment reçoit l'ordre de quitter Vlake et d'avancer vers le nord le long de la rive gauche du canal. Suite à cette manœuvre, les soldats du Queen's Own Cameron Highlanders ont pu traverser le canal sans résistance à 10h30. Les Camerons ont été les premiers à atteindre le canal mais ont été le dernier bataillon de la brigade à atteindre l'autre rive.