En premier lieu, les ingénieurs, les constructeurs de routes et de ponts de l'armée, ont utilisé un bulldozer pour creuser un grand trou dans la digue sur la rive est du canal, permettant ainsi aux camions transportant les matériaux du pont d'atteindre le bord de l'eau. Au total, douze pontons ont été placés dans l'eau, qui devront être reliés à un tablier de pont (structure porteuse) pour former une structure adaptée aux piétons et aux véhicules légers.
Le samedi 28 octobre 1944, au milieu de la nuit, le premier ponton est mis à l'eau. Une heure plus tard, les travaux sont interrompus en raison des tirs de la DCA allemande. Intrépides, les ingénieurs reprennent leur travail une demi-heure plus tard,, avant d'être à nouveau interrompus par des tirs d'obus. Trois sapeurs ont été évacués avec des blessures. Malgré le danger, ils reprennent le travail à 3 heures du matin. À 4 heures, le travail est de nouveau interrompu car l'ennemi ouvre de nouveau le feu sur les sapeurs. Cette fois, six sapeurs sont blessés, dont un mortellement. Le commandant, major Barrett, décide de suspendre l'opération.
Barrett contacte le quartier général et il est décidé que, malgré le risque de nouveaux tirs, deux équipes resteront en attente pour poursuivre le travail. Des efforts sont faits pour trouver un emplacement plus sûr pour le pont. De fait, le lieutenant Harder part pour Kruiningen. Pendant ce temps, Barrett s'entretient avec un officier d'artillerie, demandant que les canons allemands visant les ingénieurs sans défense soient réduits au silence.
Perdant patience, le major Barrett ordonne la reprise des travaux sur le pont. Une heure plus tard, on apprend que le véhicule du lieutenant Harder a sauté sur une mine. Son chauffeur a été tué et Harder, blessé, a été évacué. Le plan visant à trouver un nouvel emplacement pour le pont est tombé à l'eau tandis que l'artillerie allemande ouvre à nouveau le feu sur le pont en construction. Ce n'est qu'à 13h03 le lendemain que la situation se calme enfin suffisamment et que les ingénieurs reprennent leur travail.
À ce moment-là, des soldats de la Royal Hamilton Light Infantry sont arrivés sur la rive est. À leur grande surprise, il n'y a pas de pont et, faute de mieux, ils traversent à la rame. Bien que leurs véhicules aient été abandonnés au canal, ils parviennent à repousser les Allemands jusqu'à Biezelinge quelques heures plus tard.
À 15 heures, le pont sur le canal à travers le Beveland Sud est enfin achevé. Un flot continu de véhicules militaires traverse le pont sous le regard satisfait des ingénieurs fatigués. À ce moment-là, l'ennemi ouvre à nouveau le feu pour tenter de rendre le pont stratégique inutilisable. Miraculeusement, malgré les nombreux obus qui explosent autour du pont, la structure reste intacte. Les ingénieurs poussent un soupir de soulagement. Le pont a été achevé malgré d'importants obstacles.