Bien que l'Armistice en Europe (VE Day) ait lieu officiellement le 8 mai 1945, les célébrations en Grande-Bretagne ont commencé tôt. La nouvelle de la capitulation de l'Allemagne est parvenue aux foyers britanniques en fin de journée le 7 mai. En réaction, les habitants se sont précipités dans les rues pour fêter l'événement. Comment la Grande-Bretagne a-t-elle vécu le Jour de la Victoire en Europe ?
Au printemps 1945, la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe était proche. Alors que Berlin est encerclée, Adolf Hitler se suicide avec sa femme dans le Führerbunker le 30 avril. Son successeur, le grand amiral Karl Dönitz, s'efforce de sauver le plus grand nombre possible de soldats allemands des mains des Soviétiques en négociant les conditions de la reddition avec les Alliés occidentaux.
Le 4 mai 1945, le maréchal britannique Bernard Montgomery accepte la reddition des troupes allemandes dans le nord-ouest de l'Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark. Trois jours plus tard, le 7 mai, la capitulation inconditionnelle de l'Allemagne est officiellement signée au quartier général du général Eisenhower à Reims (France). C'est officiel : la guerre en Europe est terminée. Le document, signé par le général allemand Alfred Jodl, n'entrera en vigueur dans la plupart des pays que le lendemain, mais les choses sont différentes en Grande-Bretagne.
La veille de l'Armistice en Europe (Jour de la Victoire)
Dans la soirée du 7 mai, la BBC interrompt sa programmation habituelle en diffusant un flash d'information : l'Allemagne s'est officiellement rendue. Dans la même émission, il est annoncé que le jour suivant, le 8 mai, sera déclaré jour férié national sous le nom de Jour de la Victoire en Europe.
À l'annonce de la nouvelle, les Britanniques n'ont pas attendu le lendemain pour fêter l'événement et l'ont fait le soir même, le 7 mai 1945. Après presque six ans de rationnement, de bombardements et d'incertitude, l'occasion de célébrer la paix était pour beaucoup irrésistible.
Dans tout le pays, les gens ont envahi les rues. À Liverpool, Joyce Hughes, âgée de dix ans, est réveillée par la musique et les rires : « Il y avait un grand feu de joie allumé au bas de la rue, quelqu'un avait sorti le piano et tout le monde était sur Vale Road en train de chanter et de danser. Il faisait nuit, mais tout le monde était dehors, une cinquantaine de personnes dans la rue. Nous avons attendu que papa et maman viennent nous chercher et ils nous ont emmenés jusqu'au feu. Tout le monde était heureux, chantait et se prenait dans les bras. »
Cette joie spontanée a été ressentie dans tout le pays. Les rues ont été décorées de drapeaux les unes après les autres, les pubs se sont remplis et les gens ont commencé à danser dans les rues. On allumait des feux de joie, on servait de la bière et des inconnus s'embrassaient.
Un jour de fête officiel
Le 8 mai 1945, la Grande-Bretagne a tout interrompu pour le jour officiel de la Victoire en Europe. Des menus spéciaux pour la victoire et des objets commémoratifs, tels que les tasses à l'effigie du jour de la Victoire, ont été fabriqués pendant la nuit. Le Premier ministre Winston Churchill s'assure qu'il y a suffisamment de bière à Londres et le chambre de commerce autorise la vente de banderoles rouges, blanches et bleues sans tickets de rationnement. Le Jour de la Victoire en Europe peut commencer !
Winston Churchill prononce un discours radiodiffusé à 15 heures, invitant la population à fêter l'événement tout en lui rappelant que la guerre dans le Pacifique se poursuit. Plus tard, il apparaît devant des foules en liesse depuis le balcon du ministère de la Santé. « C'est votre victoire », déclare Churchill. La foule répond en rugissant : « Non, c'est la vôtre ! » La famille royale a également joué un rôle dans les célébrations, saluant la foule depuis le palais de Buckingham.
Joan Hall a servi la Women's Royal Air Force pendant quatre ans et a célébré le jour de la Victoire à Londres. Elle se souvient : « La foule et le bruit ne ressemblaient en rien à ce que j'avais connu auparavant ».
Albert Jarett, originaire de Jamaïque et servant dans la Royal Air Force, se souvient lui aussi très bien des célébrations : « J'étais submergé par la joie et les célébrations qui se déroulaient autour de moi ! (...) »
Les célébrations se sont poursuivies dans la nuit avec de la musique et des danses. Ray Smith, qui a servi à bord du HMS Middleton pendant la guerre, se souvient de sa nuit à Londres : « Le jour de la Victoire en Europe était vraiment un jour de fête ! (...) Nous sommes allés à Londres pour participer aux célébrations en plein milieu de Trafalgar Square et nous avons fait la fête toute la journée, rencontrant au passage de charmantes membres de la WREN (Women's Royal Navy Service) avec lesquelles nous avons fini par dormir dans l'embrasure d'une porte de magasin, car il n'y avait pas d'hôtel disponible, mais nous nous en fichions, c'était la meilleure journée de tous les temps ! »
Une journée au goût mitigé
Cependant, tout le monde n'a pas participé aux festivités. Pour beaucoup, le jour de la Victoire en Europe a été un moment mitigé. La guerre avait laissé derrière elle des pertes et une tristesse intense. Et tandis que l'Europe avait remporté la victoire, la guerre en Extrême-Orient et dans le Pacifique était loin d'être terminée. Charlotte Webb a rejoint le service territorial de l'artillerie (« Artillery Territorial Service », ATS) en 1941 : « J'ai été ravie d'apprendre que la guerre en Europe était terminée, mais cela n'a rien changé à mon travail, je continuais à travailler pour les efforts de guerre déployés en Extrême-Orient. » La fin officielle de la Seconde Guerre mondiale a eu lieu le 2 septembre 1945, avec la capitulation du Japon.
Sources :
https://www.iwm.org.uk/history/what-you-need-to-know-about-ve-day
https://www.iwm.org.uk/history/voices-of-war/ve-day
https://www.britishlegion.org.uk/get-involved/remembrance/stories/ve-day-memories